Pour quelques baies... (Feat Sirius)

Cela faisait peu de temps que j’étais arrivé dans cette dimension, cette terre qui m’était complètement inconnue. Je faisais de mon mieux pour rester en retrait de ces peuples que je ne connaissais pas, restant loin, observateur de leurs mœurs et coutumes. J’étais un parfait étranger, une entité de bien ou de mal tout dépendant de leur vision concernant ma personne. Je n’avais pas envie de me retrouver dans une fâcheuse situation parce que nous ne parlions pas la même langue. J’étais différent d’eux et ils étaient différents de moi.

Famine baillait à mes côtés alors que je sentais la pluie commencer à tomber sur nos têtes. Notre abri de fortune n’était pas des plus étanches, mais elle faisait tout de même l’affaire sous de faibles pluies. Je regardai ce qui se trouvait dans mon sac et je me rendis compte que malgré mes efforts à économiser sur la nourriture, il ne me restait plus rien. Même rance et quelque peu moisi, je ne faisais pas la fine bouche, mais à présent, il ne restait que le vide de condiments et quoique ce soit. Je me frottai l’arête du nez de mon pouce et de mon index avant de soupirer longuement. J’allais devoir chercher à manger sous la pluie battante et à voir les lourds nuages au-dessus de ma tête, c’était la prémisse d’un orage. Aucun doute.

- Allons-y Famine. Nous devons chercher de quoi nous sustenter pour quelques jours.

Accompagné de mon félin et la capuche de ma cape sur la tête, nous nous dirigeâmes vers les terres des Sabots, peuple le plus pacifiste que j’avais pu observer de loin. Je savais qu’il y avait des buissons de baies accessibles dans leur territoire et bien assez pour que je puisse en cueillir pour remplir ma besace.

En arrivant près des buissons sous quelques coups de tonnerre et l’illumination de quelques éclairs, je m’accroupis pour cueillir quelques petits fruits, mon chat sauvage s’occupant de surveiller les lieux. Tout du moins c’était ce que je pensais jusqu’à ce qu’une créature ne me bondisse dessus en sortant tout droit d’un buisson à côté de moi.

Je tombai à la renverse dans un sursaut de surprise et sous le coup foudroyant du tonnerre.

- Que…?!

Famine se mit à feuler, le dos rond. Que pouvait bien faire un chaton contre une créature plus grosse que lui?

Je me croyais déjà la possession de la mort et de la souffrance alors que je voyais ces deux sabots puissants me tomber dessus, mais ceux-ci ne firent que me frôler, m’épargnant. J’avais le souffle coupé ou plutôt, je m’étais arrêté de respirer sur le moment. Je laissai échapper tout l’air que j’avais gardé dans mes poumons alors que j’entendis un cri un peu plus loin. Je tournai la tête dans la direction des sons qui me paraissaient humain et je vis un homme qui semblait me faire signe de dégager de là. Le ton de sa voix semblait empreint de panique ou était-ce une autre émotion? Difficile à dire lorsqu’on ne comprenait pas un traitre mot.

Je me redressai pour me relever ensuite, Famine le dos toujours aussi rond, prêt à se jeter sur l’arrière-train du bœuf pour le griffer et le mordre. Je ne m’interposai pas. S’il avait la fureur et l’instinct d’y arriver, qui était-je pour l’empêcher d’accomplir son acte de protection et de revanche. Je n’étais que l’être qui l’avait aidé au plus bas de sa vie et maintenant, mon chaton me le rendait en voulant ma sécurité.

Je m’éloignai alors que mon petit chat sautait sur le gros animal, le mordant avec ferveur tout en feulant et en grognant avec hargne. Si la créature devait succomber à ses blessures, cela nous ferait de la viande à sécher pour un bon moment, mais je n’allais pas tout garder pour moi. L’autre homme qui m’avait aidé avec sa propre créature allait pouvoir en avoir lui aussi. Je n’étais pas égoïste. Loin de moi cette perfidie.

- Fais tout de même attention Famine. Ne tombe pas sous ses sabots ou cela pourra te coûter la vie.

Je tournai ensuite la tête vers l’autre humain et lui fis un signe de salutation de la tête. Cela ne servait à rien de parler si nos langues ne pouvaient être compris de l’un comme de l’autre. Les gestes et les actions parlaient bien plus.

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Famine utilise une attaque de morsure.